Dialogue et récit : histoires de flux (1)

Alors tu veux bien écouter parce que moi, tes problèmes, tes lacunes, tes errances, j’en ai marre il faut que tu comprennes. La balle dans le dos ou l’angle mort, c’est vraiment évident tu ne peux pas voir ce qui est en dehors de ton champ de perception.

Là pour être efficace, tu tranches la jugulaire, chlac c’est net. Tu tranches la jugulaire c’est foutu, terminé, le corps se vide de son sang en un quart d’heure. Appelle les secours, tu ne pourras rien changer. L’artère fémorale bien sûr que tu pourrais garrotter, mais la jugulaire c’est juste dégueulasse comme la balle dans le dos.

 Vous portez plainte ? La femme inspectrice. Elle est là devant moi, ici, comme une poupée mécanique, enfile des gants, les empreintes, s’accroupit relève la position du revolver sur le carrelage le balance dans un sac plastique.

Ça me fait encore rire parce qu’il n’était pas chargé, dans le barillet c’étaient juste des cutters. Je deviens nerveux quand il y a du désordre alors j’avais rangé les cutters dans le barillet du revolver.
Quel cinéma. Une bouffonnerie de carnaval. Je me demande encore comment ils ont pu tomber là dedans. Du coup ça m’a rappelé un bal masqué, il y a vraiment longtemps, une fille, elle mesurait au moins un mètre quatre vingt cinq, elle débarque avec un revolver en plastique à la ceinture, elle se faisait appeler avenue de la Grande-Armée. Et puis une autre fois dans un train de nuit en Italie, un type sort complètement électrisé d’un compartiment il pointe un flingue sur mon ventre. Son arme c’était peut-être un jouet un leurre je ne saurai jamais. Va fanculo. Je le repousse d’un coup de coude.

Eux ils voulaient me tuer c’est sûr, surtout elle. Ils essaient d’abord de me saouler avec une bouteille de blanc et du cassis, du vin (elle se met à raconter son histoire avec un air étudié) d’un petit vignoble, la région de ses parents. Tu parles.
Je ne sais plus comment ça s’est passé. Elle prend une bouteille sur la table elle veut me, je ne sais plus. M’assommer. Je la repousse avec mes deux pieds, comme ça je la je l’envoie, là-bas à l’autre bout de la pièce là tu vois sous la fenêtre. Avant tu te rappelles il y avait une porte ici. Tu peux le croire elle a valsé. Lui il l’a quand même il l’a retenue quand elle a elle a pris le couteau quand elle a voulu me trancher la gorge. Ils essayaient de me faire tomber, mais lui, non je ne peux pas croire. Les stups m’avaient interrogé sur lui vers 95. Mais bien entendu c’est un de H fils de. Je ne sais toujours pas pourquoi il était avec elle, cette fille. C’est son grand-père député qui lui filait du taf, il se faisait de la tune avec des boulots de paperasse

[…]