Réplicateur 4

Errant dans le néant qui est, on finit par supposer un autre rapport dans le raisonnement pratique : le néant ne serait existant que pour soi seul. Cette hypothèse peut surprendre, mais après tout le ciel étoilé n’est qu’une illusion d’optique. Logiquement, pourtant, la difficulté devient insoutenable, car la connaissance de l’univocité de l’éternité et du néant, l’ignorance du temps nécessitent de se défaire de la soumission à la durée et à la succession des événements. Ainsi, la répétition irrépressible et presque nécessaire de toute chose, comme frapper dans une balle de tennis, remplir un cahier de notes et toujours en recommencer un autre, faire défiler les idées sans qu’aucune ne se fixe, observer la régularité d’un cristal et ne jamais trouver le moindre défaut et poursuivre toujours l’observation, toutes ces actions, ici, là, s’annulent en s’accomplissant.
La planète n’étant pas non plus sous l’emprise d’un système de croyance primitif (qui pourrait s’expliquer par exemple par la présence des deux lunes dans son ciel), ni même sophistiqué (une iconolâtrie qui aurait la connaissance comme conséquence épistémologique), il faut peut-être chercher à retrouver l’évidence première des phénomènes, en deçà des codifications et des présupposés. Mais comment comprendre les phénomènes sans le filtre du passé ?